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Une centenaire… passée INAPERÇUE !

Le 23 avril dernier, la loi limitant le travail à huit heures par jour et quarante-huit heures par semaine a fêté son centenaire dans l’anonymat le plus complet. Et pour cause... Il n’est assurément pas dans l’intérêt des milieux gouvernementaux, patronaux et réformistes dits « modernes » d’honorer cette avancée sociale majeure à l’heure où ils portent l’allongement de la durée du travail avec les mots qu’utilisaient leurs ancêtres, en 1919, face au progrès social.

Le slogan « Travaillons moins, vivons enfin, cultivons-nous ! Arrachons nos huit heures » témoigne de la détermination des travailleurs qui s’engagèrent dans cette longue marche vers le respect d’un repos décent et des multiples batailles et souffrances qu’elle nécessita. Cette revendication, qui résonne avec force encore aujourd’hui, fut portée sur les banderoles de toutes les manifestations qui écumèrent le crépuscule du XIXe siècle et l’aube du XXe.

Les efforts finirent par payer. Le 23 avril 1919, sous la pression sociale et le souffle d’un vent révolutionnaire, le gouvernement Clémenceau soumit au Sénat la loi sur la journée de travail de huit heures, sur la base générale de six jours de travail par semaine. La décision politique fut ratifiée par celui-ci mais le contenu fut renvoyé aux négociations de branche.

Cet arbitrage eut pour conséquence que les termes de la loi ne s’appliquèrent qu’à partir de 1921 dans la majeure partie des entreprises et qu’en 1925, un tiers des salariés français travaillaient encore dix heures par jour.

Dans les chemins de fer, cette application se fit par étapes successives. Il fallut en effet attendre juin 1927 pour qu’un projet soit établi par plusieurs décrets. Le premier concernait les roulants, le second, les sédentaires et un troisième, spécifique, pour les grands ateliers. La durée annuelle fut, quant à elle, fixée à 2 384 heures avec des dispositions pour les repos journaliers et périodiques et des règles d’attribution garantissant une répartition du travail sur l’année.

Patrick Chamaret,
président de l’IHS des cheminots.

Visuel : Affiche de la CGT en faveur de l’application de la loi des 8 heures éditée pour le 1er mai 1919,
© Doumenq-Collection IHS-CGT.