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Retour de Bâton

Les formes étaient de mise pour commémorer le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Le chef de l’État entendait en effet profiter des célébrations de l’armistice du 11 novembre 1918, organisées loin de Paris, pour renouer avec les Français et avancer ses projets sur la scène européenne.

La communication de l’Élysée avait tout calé, affûté ses arguments et soigné la mise en scène. Malgré cela, la réalité s’est invitée à plusieurs reprises dans le protocole.

Une « itinérance mémorielle », donc très politique, avait été programmée au cordeau avec un déplacement de sept jours à l’issue des cérémonies françaises.

Au cours de ce dernier, le jeune président, cherchant une portée symbolique aussi forte que celle de Mitterrand et Kohl main dans la main à Verdun en 1984, a rejoint la déclinante chancelière Merkel dans la clairière où fut signé l’armistice.

Des visites de « découverte », ici l’usine chimique à Pompey, là les usines Renault à Maubeuge, avaient été calées entre deux cérémonies du souvenir.
Enfin, de multiples rencontres étaient organisées avec des élus locaux, eux aussi inquiets sur leurs territoires frappés par la désindustrialisation et le désengagement des services publics.

L’orchestration de la reconquête de l’opinion publique s’est heurtée à de beaux ratés. Les quelques moments et bains de foules ont surtout montré une population en colère. Avec des mots simples du quotidien, les citoyens ont clamé leur exaspération vis-à-vis des taxes et ponctions sociales supplémentaires qui dégradent toujours plus le pouvoir d’achat des plus modestes alors que les plus riches croulent sous les avantages fiscaux.

L’histoire est faite d’itinéraires, d’expériences et de luttes des générations qui nous ont précédées. Elle éclaire le temps présent pour ouvrir de nouveaux parcours à explorer. Gare au retour de bâton pour ceux qui veulent l’instrumentaliser à leurs seuls profits.

Patrick Chamaret, président de l’IHS des cheminots.