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En quelques… MOTS !

Dans son roman 1984, paru en 1949, George Orwell, visionnaire, inventait la « novlangue », dont le principe est de restreindre le nombre de mots d’une langue pour en diminuer le nombre de concepts avec lesquels les gens peuvent réfléchir.

Les finesses du langage s’en trouvent réduites, les gens sont moins capables de réfléchir et raisonnent davantage à l’affect. La mauvaise maîtrise de la langue rendant les gens dépendants, ils deviennent ainsi des sujets aisément manipulables.

Un asservissement silencieux

Aujourd’hui, la fiction rejoint la réalité. On nomme de moins en moins les choses dans leur définition usuelle mais dans une langue de formatage des esprits. Personne n’y échappe. Ce détournement du sens même du langage, constitue un enjeu idéologique de taille pour le pouvoir et la propagande qu’il sert, car il modélise et normalise les pensées.

De septembre 2016 à juin 2019, La Nouvelle Vie Ouvrière (NVO), qui vient de fêter ses 110 ans, a édité une série d’articles intitulée « Le bal des mots dits ». Issus de travaux sur le sens des mots, ils démontrent comment la récupération du langage sert d’outil d’intégration pour les sphères dirigeantes, médiatique, économique, politique et patronale.

Ainsi dans l’entreprise, le langage managérial s’évertue à effacer toute reconnaissance de classe pour masquer la vraie nature des rapports sociaux, désamorcer les luttes, les conquêtes sociales et valoriser ses choix.

Décrypter c’est résister

Le syndicalisme et notre histoire sociale sont bien évidemment visés. Le but est d’en casser les codes et repères. Ces derniers sont en effet à contre-courant de l’immédiateté. Riches des expériences, des victoires et échecs du mouvement syndical, ils s’opposent à l’oubli et sont autant de points d’appui culturels enrichissant les luttes d’aujourd’hui.

La Vie Ouvrière, devenue NVO s’inscrit dans cette résistance, avec toujours son mordant émancipateur. Une bonne occasion de la (re)découvrir et de la soutenir.

Patrick Chamaret, président de l’IHS des cheminots.