Actualités

Cerdagne : une longue lutte

Dans le Cahier de l’IHS du 3e trimestre 2025 figurera un dossier sur la lutte des cheminots CGT de la ligne à voie métrique de Cerdagne dite du « Train jaune ».
Emblématique de la pugnacité des cheminots, elle constitue aussi un épisode noble et inspirant de notre histoire sociale.

Dès 1968, l’État et la direction SNCF décident de supprimer le Train jaune, mais l’opposition des cheminots et de la population les fait reculer…

En 1983, le ministre Fiterman délivre une convention de modernisation, mais, en 1985, le vent tourne ! Suite au contrat de plan passé avec l’État, la SNCF revient aux suppressions d’emplois. Elle veut imposer la mise en place de l’exploitation de la ligne par un système de radio sol-train reposant sur un seul agent. La CGT s’y oppose.

La direction SNCF organise alors une machination contre la CGT. Le 19 novembre 1985, en gare de Fontpédrouse, deux cadres SNCF supervisent l’arrachage en catimini et sans mesures de sécurité des aiguillages. Les cheminots stoppent la casse.
La SNCF fait appel à un huissier et aux gendarmes, et annonce une « séquestration » des cadres. Ces derniers déclareront avoir subi « un choc psychologique considérable » ! Une violente répression s’abat dès cet instant sur 12 militants CGT.

Malgré la manifestation de 4 000 cheminots à Montpellier, le conseil de discipline vote leurs révocations, le 4 mars 1986. Le soir même, la CGT appelle à la grève.
Dans la nuit, la région est paralysée et le mouvement s’étend aux régions voisines.

Devant l’ampleur de l’action, la direction renonce aux révocations, mais décide deux mutations disciplinaires.

La lutte se poursuit par des manifestations lors de « l’exil » de nos deux camarades et par des rendez-vous judiciaires au conseil de prud’hommes, à la cour d’appel, à la Cour de cassation.
Enfin, le 8 juin 1993, la cour d’appel de Nîmes confirme le jugement des prud’hommes : les sanctions sont annulées et nos deux « exilés » reviennent en Cerdagne.
Les cheminots ont gagné !

Quarante ans après le coup de force de Fontpédrouse, même si la menace perdure, le Train jaune roule toujours !

Maurice Samson, membre du Bureau de l’IHS.